Le plurilinguisme aide à l'écriture du français (évidemment !)



Malgré les travaux édifiants de Gilbert Dalgalian et d'autres linguistes, le grand public français a encore beaucoup d'a priori et de craintes concernant le bilinguisme et le plurilinguisme précoces (chez les jeunes enfants).

À titre d'exemple (totalement anecdotique, mais révélateur tout de même), un erreur trouvée dans cette BD publiée aux Éditions DARGAUD, qu'un ami m'a offerte (je me demande pourquoi ?!).



Une plongée dans cette époque trouble, controversée, retrace l'évolution de la prise en compte des revendications nationalistes depuis Charles Pasqua, jusqu'à Sarkozy et Valls.

On peut souligner le courage de l'autrice, Hélène Constanty qui, même aujourd'hui, n'a pas dû se faire que des amis, d'un côté comme de l'autre, dénonçant à la fois les dérives des mouvements indépendantistes et l'autoritarisme de l'État français.

Dans l'épilogue du livre édité en 2021, il est dit : "Yvan Colonna est toujours incarcéré sur le continent. Détenu particulièrement signalé, il s'est vu refuser toute demande de rapprochement dans une prison en Corse." On connaît aujourd'hui l'épilogue de cette histoire dans l'Histoire, la mort d'Yvan Colonna le 21 mars 2022, suite à une agression par son codétenu.

Pour en revenir à l'orthographe, je vous laisse chercher l'erreur dans cette phrase (p. 130) : 
"Et le masque blanc sous la cagoule, c'est pour que l'on ne voit pas ses yeux".







"Pour que" est toujours suivi du subjonctif (expression du souhait), il aurait fallu écrire à la troisième personne du présent du subjonctif : "pour que l'on ne voie pas ses yeux".

La confusion entre indicatif et subjonctif est très franco-française, je ne connais pas d'autre langue dans laquelle les formes orales du subjonctif et de l'indicatif ne sont pas discriminées sur un nombre de formes verbales aussi important (en français, c'est le cas de toutes les personnes du singulier des verbes du premier groupe et pour certains verbes du troisième groupe).

En occitan on aurait dit : "per que se vejan pas sos uèlhs", la forme "vejan" étant totalement différente de l'indicatif "veson".

Pour un français monolingue, la différence, totalement absente à l'oreille, souvent absente même à l'écrit (je chante / que je chante), est donc bien difficile à déceler, sauf à ingurgiter des montagnes de règles de grammaires plutôt rébarbatives [Le subjonctif est toujours employé après les expressions suivantes : afin que, bien que, quoique, pour que, avant que, jusqu'à ce que, pourvu que].

Cette distinction, au contraire, est évidente pour toute personne qui parle couramment une autre langue.

Ne nous étonnons donc pas de la baisse du niveau d'orthographe de nos jeunes élèves, et ne les blâmons pas totalement : la responsabilité est grandement du côté du pouvoir (et de son exécutant, l'école) qui, par l'interdiction des langues régionales, a privé les jeunes générations de la possibilité de grandir entourés de deux langues et les a empêchés de développer naturellement à la fois leur fonctionnement cognitif, mais aussi et surtout leur ouverture d'esprit et leur attrait pour la diversité !

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