fut / fût, eut / eût : le snobisme de l'accent circonflexe !

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Cela pourrait être la devise de la grammaire française et de ses nombreuses exceptions...
Dans ce contexte, quand on veut faire "savant", on complique, et on se rajoute des petits chapeaux pour le plaisir d'enjoliver ses belles phrases ! C'est ce qu'ont fait les rédacteurs de l'office de tourisme de Moulins, région qui se targue de posséder quantité de témoins de son riche passé.
Et voilà ce que ça donne :

Avec un petit zoom sur le texte :
[Lien vers le site si le cœur vous en dit ! Moulins-tourisme]

Petit rappel donc : la conjugaison du verbe être au passé simple : (même remarque pour le verbe avoir, que je signale à côté, pour une fois qu'on trouve une régularité !)
    je fus                            j'eus
    tu fus                            tu eus
    il fut                             il eut
    nous fûmes                  nous eûmes
    vous fûtes                    vous eûtes
    ils furent                      ils eurent

Si l'accent circonflexe n'est pas totalement absent de cette conjugaison, il n'apparaît qu'aux première et deuxième personnes du pluriel (nous, vous). 
La forme "fût" existe bien, mais c'est au subjonctif imparfait qu'elle s'emploie : 
    que je fusse                 que j'eusse
    que tu fusses               que tu eusses
    qu'il fût                       qu'il eût
    que nous fussions       que nous eussions
    que vous fussiez         que vous eussiez
    qu'ils fussent               qu'ils eussent

Ces formes n'étant pas tout à fait communes dans le langage actuel - le subjonctif présent se substituant maintenant au subjonctif imparfait, bye bye la concordance des temps - il est raisonnable de se dire que lorsqu'on écrit "fut" ou "eut", on ne mettra pas d'accent circonflexe ! 
À deux exceptions près : dans les expressions "Fût-il..." ou "Ne fût-ce que..." que l'usage a sanctuarisées. 

Ou encore enfin, si l'on traite de contenants d'alcool : fûts de vin, de bière... mais je sais les français suffisamment amateurs de ces breuvages pour ne pas commettre cette erreur ! 

Si la curiosité vous amène donc dans le charmant village de Souvigny, vous pourrez y déguster (avec modération) tout droit sorti du fût, un petit Val-de-Loire labellisé IGP qui vaut sûrement bien le détour, ne fût-ce que pour cela ! 

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